Les dictionnaires d’évolution de la langue
Si la langue française nous était contée... La langue française, comme toute autre langue d’ailleurs, a évolué au cours de l’histoire, à force de guerres, d’invasions, d’occupations, de courants artistiques et de progrès techniques et technologiques.
De la langue des rois et des érudits à la langue du peuple, déjà des variations considérables sont présentes. Les trouvères et troubadours qui diffusent la langue et sa culture folklorique de régions en régions en propagent aussi sa diversité. On pourrait dire que d’une certaine façon les premiers dictionnaires d’ancien français étaient vivants.
Mais dès que le français s’est retrouvé sur papier à partir des premières ébauches de dictionnaires, notamment celui de Robert Estienne en 1539, on note que la langue se transforme. Peut-être justement à cause de sa nature statique, désormais immobilisée, figée par des scribes, on peut alors en prendre conscience dans un premier temps, bien en définir chaque terme en second lieu et enfin la modifier officiellement puisqu’on en tient un registre. La langue devient un matériau malléable qui ne cesse de s’abreuver de cultures avoisinantes, qui fait des emprunts à l’anglais, à l’allemand, à l’arabe et qui s’affranchit légèrement de ses influences latines et grecques.
Les dictionnaires d’ancien français nous apprennent que non seulement les mots ont une origine lointaine mais ils nous indiquent les modifications que ce mot aura subi au fil des années et des époques. Par ailleurs, l’apparition de dictionnaires de néologismes, essentiels pour suivre les mouvements technologiques, mettront les points sur les i des conservateurs et académiciens qui croient que la langue française n’a d’avenir que dans la stagnation. Pour vivre, une langue se doit de se plier aux exigences du marché et de la culture dont elle est le véhicule sémantique. On observe la même ardeur à mettre sur les rayonnages des librairies des dictionnaires d’anglicismes, lesquels nous enseignent à faire un usage judicieux de termes qui témoignent d’une modernité à laquelle nous ne saurions nous soustraire. Le français tel que nous le connaissons aujourd’hui répond à des impératifs socio-politico-économiques qui permettent à cette langue magnifique de poursuivre son existence.