Le dictionnaire selon l'Académie Française
Il ne faisait aucun doute que l’une des premières missions que se donnerait l’Académie Française après son institution par le Cardinal de Richelieu serait de rendre état de la langue Française en la catégorisant sous forme de dictionnaire.
L’idée d’un français complètement distinct du latin, dont il est largement l’héritier, et totalement uniformisé quant au nombreux dialectes régionaux qui le composent, germe alors dans l’esprit de ces nouveaux porte-étendard de la langue du peuple. C’est donc en 1694 que l’Académie publie officiellement son premier dictionnaire (deux autres ont déjà vu le jour, soit le dictionnaire de Richelet en 1680 et celui de Furetière en 1690) en y apportant des spécifications quant à l’autorité dont il est investi.
Cet ouvrage, selon les académiciens est effectivement celui qui présente le français le plus correct, le français épuré de toutes notions fantaisistes ayant trait à l’art ou à la science, disciplines jugées hors propos dans le langage courant (et qui, plus vraisemblablement, comportaient des éléments de discours subversifs...). Ce dictionnaire se consacre donc à la langue parlée couramment, la langue en usage dans le commerce et dans les questions législatives ou religieuses. Voilà donc enfin la bible du langage, un ouvrage moderne dépouillé judicieusement (toujours selon les académiciens) des vieilles formules du langage, formules inappropriées à cette époque où tout le territoire français rayonne des conquêtes de son Roi-Soleil.
Ce dictionnaire est, de plus, élaboré par une quarantaine des hommes de lettres les plus respectés de France, ce qui l’auréole d’une crédibilité inébranlable et cautionne toutes ses censures. Malgré cet esprit totalitaire où l’on flaire le jésuitisme, on le consultera avec constance. Le dictionnaire de l’Académie aura même une longue vie mais notons qu’il reste toujours assez conservateur. Réédité 9 fois, il est maintenant disponible sur le net. En 1994, un format compact est même paru chez Julliard.